"Je me sens nul/le"

Je vois énormément, dans mes accompagnements, des personnes qui ne s’aiment pas, qui doutent d’elles en permanence et qui finissent par croire qu’elles sont « nulles » dans toutes les situations : en amour, au travail, dans les interactions sociales…

Pourtant, ce sont souvent des personnes profondément altruistes, très sensibles, à l’écoute, capables d’une finesse d’analyse émotionnelle rare. Des personnes qui ressentent beaucoup, qui perçoivent beaucoup, et qui donnent beaucoup.

Mais dans une société qui valorise les extravertis, les personnalités et la prise de parole forte, l’ambition affichée… il n’est pas étonnant que les personnes plus introverties, plus subtiles, plus sensibles commencent à se croire « en échec ».

Alors comment fait quelqu’un qui doute de lui-même ? réfléchit beaucoup avant d’agir ? ressent profondément ? capte les émotions des autres ? a besoin de temps ? préfère l’harmonie au conflit ? Est-ce que cela signifie qu’il est “moins apte à réussir” ? Est-ce que c’est un échec personnel ?

Non.

Ça dépend du prisme. Toujours du prisme.

On nous a appris à valoriser des qualités qui ne sont pas celles de tout le monde. Notre société mesure la réussite avec une règle qui ne correspond pas à toutes les natures humaines.

Mais si on change le prisme, alors tout change :

La sensibilité n’est plus une faiblesse : c’est une capacité relationnelle rare.

L’introversion n’est plus un handicap : c’est une force d’observation et d’analyse.

Le doute n’est plus un frein : c’est une garantie de profondeur et d’éthique.

Le besoin d’harmonie n’est plus de la fuite : c’est une intelligence émotionnelle avancée.

Ce n’est pas vous qui êtes “en décalage”, c’est juste que vos qualités ne sont pas valorisées dans le système actuel. Mais elles sont précieuses, utiles, nécessaires. Et elles permettent de créer du lien, de réparer, de soutenir, d’équilibrer des choses dont le monde manque cruellement.

L’échec, c’est de vouloir se trahir.

Le vrai échec, ce n'est pas d’être sensible dans un monde bruyant. Ce n’est pas d’être doux dans un environnement agressif. Ce n’est pas de douter dans une époque où tout le monde fait semblant d’être sûr de lui. Le vrai échec, ce serait de croire que vous devez devenir quelqu’un d’autre pour exister.

La force n’a pas qu’un seul visage.

Vous n’êtes pas “moins”. Vous êtes autrement. Et cet autrement, pour beaucoup, est exactement ce qui manque dans leur vie.

Alors, si vous êtes introverti, sensible, altruiste, si vous doutez…

vous n’êtes pas faibles. Vous êtes profonds, authentiques, humains.

Et la vie n’a pas besoin de plus de requins.

Elle a besoin de plus de vous.