Les pieds au mur

Il y a des moments dans la vie où tout semble se refermer.

Où l’on ne peut plus reculer, où le mur est là, froid, solide, impassible.

C’est souvent là, quand on a les pieds au mur, que quelque chose se réveille en nous.

Quand tout va bien, quand la routine est confortable, quand les besoins que la société nous dicte sont comblés, travail, statut, sécurité, reconnaissance , on ne regarde pas plus loin.

On ne questionne pas. On avance mécaniquement, porté par le flot.

Mais vient toujours un moment où quelque chose se fissure :

une maladie, une perte, un âge qui se fait sentir, un accident, un échec, une désillusion.

Et soudain, plus rien ne tient debout comme avant.

Le sol se dérobe, les certitudes s’effritent, et il faut agir.

C’est souvent dans cette violence du réel que naît la clarté.

Parce que tant que la vie nous berce, on ne se demande pas ce qu’on veut vraiment.

Mais quand elle nous bouscule, quand elle nous met au pied du mur, alors seulement on comprend qu’il est temps de changer de direction.

Ces moments de crise sont douloureux, bien sûr.

Mais ils sont aussi des portes : des passages vers une autre manière d’être au monde.

On découvre alors que le mur contre lequel on s’appuyait n’était peut-être pas un obstacle, mais un appui, celui qui permet enfin de prendre appui pour sauter plus haut.